Le mois dernier, je vous parlais du concept "locavore", de la philopsophie afférente et des ruches qui disent "oui". J'avais promis de vous faire un retour sur expérience et de poursuivre le propos.
Or donc, cette première commande à la Ruche de mon coin. Ca s'est très bien passé, et cela a confirmé ce que je m'étais imaginé du système : fluide en amont, sympathique à la livraison, et a priori satisfaction en bout de course.
> la plate-forme de commande et de paiement est efficace et intuitive, et sécurisée évidemment. On choisit ses produits en les ajoutant à son panier, bref, une commande internet type. Ca a l'avantage d'être très très simple et rapide pour les feignants que nous sommes tous derrières nos claviers.
> deux jours après la clôture des commandes, on peut aller chercher son dû chez le responsable de la Ruche, qui a préparé des sachets ou cagettes pour chacun, en étant muni de son bon de commande (généré à la clôture des commandes en fonction du nombre de produits atteint au global et donc des livraisons minimum confirmées pour chaque producteur... bon de commande qu'on reçoit par mail, c'est bien pratique). Sur place, en plus de la souriante responsable, deux producteurs qui s'assurent que tout est en ordre, sont disponibles pour discuter un peu, parlent de leur quotidien... Je ne suis pas restée trop longtemps cette fois car l'heure du repas du Mogwaï arrivait trop vite, mais c'était déjà très sympathique.
> retour à la maison avec la satisfaction d'avoir des produits du coin, en chaîne courte et, pour ceux que j'ai déjà goûtés, de qualité. On n'a pas encore entamé les confitures, mais le jus de pommes et les quelques légumes ont déjà tenu leurs promesses.
Une nouvelle commande est déjà à nouveau en route, et j'ai eu le plaisir de découvrir que notre responsable de ruche s'était démenée pour trouver de nouveaux produits à proposer à la commande : en sus des légumes, fruits et dérivés de fruits (confitures, jus, alcools...), il nous est cette fois proposé les produits d'un meunier local (pain, farine, brioche...), de la viande (dont des packs BBQ bienvenus en cette période) et de nouveau fruits et légumes de saison. Comme quoi, la marge prise par cet intermédiaire n'est pas volée, elle se donne du mal quand même.
Côté prix, on reste en moyenne sur ceux de la grande distribution : certains sont plus chers, d'autres moins, mais j'ai l'impression qu'au global on reste dans les mêmes fourchettes. Mais au moins, je sais où va l'argent, et qu'une plus grande part va au producteur comparativement à un achat en grande surface (cette histoire de marges etc...).
Bref, je viens de passer ma seconde commande, et pour le moment, je suis plutôt satisfaite de l'expérience.
Pour rebondir sur cette affaire de marges de la grande distribution, mon beauf, qui adhère aussi au concept de la Ruche, m'a prêté un édifiant bouquin : "Les fruits de ma colère - plaidoyer pour un monde paysan qu'on assassine", de Pierre Priolet.
Cet agriculteur est célèbre, semble-t-il (j'avoue ne pas le connaître avant d'avoir eu le livre dans les mains, mais je suis peu le PAF), pour avoir expliqué en live sur un plateau de télé pourquoi il a été contraint à arracher tous ses vergers fin 2009 suite à une faillite. Le geste n'est effectivement pas anodin, et il semble qu'à l'époque, son acte avait servi de cri d'alarme quant à la condition du monde paysan. Etant tout à fait ignare sur le sujet, j'ai entamé le livre sans a priori, et je l'ai trouvé vraiment très intéressant : Pierre Priolet y décortique tous les mécanismes de l'agriculture d'aujourd'hui, pointe ce qui ne va pas, explique pourquoi et comment on va droit dans le mur. Le manque d'entretien du paysage, le piège des aides européennes, le danger du tout bio, le chantage des grandes enseignes... C'est édifiant, sans langue de bois : on sent l'émotion et la colère de l'auteur entre les lignes, mais le propos est posé, mûri, vraiment intéressant et surtout constructif, puisqu'en fin de livre il propose des solutions. L'idée étant de repenser ses modes de consommation pour "consommer juste et pas juste consommer". Ce qui rejoint la ligne directrice des Ruches.
Le sujet est donc vraiment d'actualité et intéressant et surtout, ces initiatives permettent à chacun de faire un petit quelque chose, à son échelle et sans non plus se marier avec de l'activisme écologique.
Je finis donc par quelques liens utiles si le sujet vous intéresse :
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"La Ruche qui dit oui" au cas où il y en a une près de chez vous et que l'expérience vous tente
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"Consommer juste" : le site de Pierre Priolet où il développe les solutions qu'il propose
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"réseau fermier" : nécessite une inscription et fonctionne en réseau social pour connaitre les news des producteurs de votre région. Je n'ai pas testé par contre.
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"slow food" : je n'en ai que vaguement entendu parler, mais cette association me semble être dans la même optique (éducation au goût, soutien de l'agriculture locale, revue de sa manière de consommer...)
Voilà de quoi au moins réfléchir à la question. Et puis je me dis que si petit soit-il, tout effort ou geste que l'on fait à notre petite échelle, c'est toujours mieux que rien pour aller dans le bon sens !