Ce matin, on se réveille peinards sans avoir mis d'alarme... on avait besoin de sommeil. Il est presque neuf heures, et on émerge doucement, sans se faire violence. On petit déjeune à l'auberge de jeunesse. C'est appréciable de manger au chaud et de pouvoir faire griller quelques toasts.
Il a plu toute la nuit mais le soleil semble pointer le bout de son nez. On opte donc pour un petit tour dans Inveraray à pied. Comme prévu, c'est tout petit, et en fait, malgré les précautions qu'on avait prises, on a déjà pas mal fait le tour la veille. On passe par une rue menant vers les champs et on atteint très rapidement la campagne. On cherche du regard les cairns indiqués sur la carte, mais on fait chou blanc. On revient vers le village par la petite route qui longe le loch. C'est très joli, toutes ces petites maisons blanches alignées face à l'eau. On repasse devant la fameuse prison victorienne, vantée dans tous les prospectus, que nous avions repérée la veille. La visite a l'air bien, vraiment, mais c'est 8£ par personne, et ça fait une petite somme. Quasiment le prix d'une nuit en auberge pour l'un d'entre nous... Et comme on a rapidement appris à revoir l'ordre de nos priorités, on décide d'abandonner l'idée de la visite de la prison, tant pis. On pousse jusqu'au petit ponton pour voir le prix du musée maritime, mais encore une fois, 4£ pour visiter un bateau microscopique... Ce village est décidément très (trop) touristique, les prix y sont exorbitants. Nous qui pensions rester sur place pour la journée... On décide finalement de faire un point avec la carte pour voir si on ne peut pas se faire une petite étape à vélo pour changer de ville. Lochgilphead est située à environ 40km, c'est de l'ordre du faisable.
On replie la tente avant que la pluie ne reprenne et on charge les vélos. Mais lorsqu'on va chercher nos quelques provisions au frigo de l'auberge, malheur, celle-ci est fermée pour le nettoyage quotidien, et ne rouvre qu'à 12h30. Bon, une demi heure à tuer, ce n'est pas la mort. Et c'est à ce moment que s'élève un son si caractéristique, comme une plainte lancinante... Il est midi, et voilà que résonnent des cornemuses. C'est tout simplement impressionnant. On décide d'aller les voir jouer en attendant l'ouverture de l'auberge. Enfourchage de vélo, quelques coups de pédale... On peine à les trouver dans le village, en se dirigeant à l'oreille, car le son résonne sur les maisons. En fait, ils sont dans la cour de la caserne des pompiers, juste derrière la haie qui longeait notre tente (voir photo du post précédent). Pas étonnant qu'on les ait si bien entendues dès le début ! On les écoute un moment... Il s'agit en réalité d'un cours, et une dizaine de petits écossais s'entrainent. C'est bluffant de voir un son si puissant créé par ces gamins. La plupart ont entre 9 et 13 ans, et certains sont vraiment gringalets. On découvre comment accorder une cornemuse, comment ils s'entrainent à la marche au pas, et puis les percussions les rejoignent, depuis l'autre côté de la caserne. On ne les as pas entendus s'installer, ni vus d'ailleurs, et leur entrée dans la phrase musicale est saisissante. Ils sont vraiment impressionnants, avec leurs espèces de jonglages, les baguettes qui tournoient en tout... C'est vraiment chouette, j'en ai des frissons. Proud to be scottish !



Une envie pressante nous ramène vers le port et ses toilettes -payantes - puis on revient à l'auberge, qui vient de ré ouvrir. Pas de chance, on a attendu pour rien, le frigo a été vidé durant le ménage (c'est la règle en auberge de jeunesse, mais à ce moment là, on ne le savait pas). Plus rien ne nous retient à Inveraray, on achète donc de quoi manger à la supérette du village et on se met en selle.

On a encore les muscles qui tirent de la veille et mal aux fesses, mais laisser les muscles refroidir ne doit pas être la meilleure idée du monde, alors c'est parti !
Le début se passe tranquillou, on prend les côtes à une allure plus que modérée, parfois même à pied, et on ne se prend qu'une seule averse glaciale. en montée forcément, sinon, ce n'est pas drôle. On est trempés du coup, et on commence à avoir froid, mais on garde le moral. On traverse le village de Furnace, et un panneau indique un pub. Vendu ! Il est 14h/14h30, on s'arrête pour manger. Il commence à faire bon, et on jette notre dévolu sur les tables de camping juste devant le pub. Nos lambeaux de jambon à 2£ font une fois de plus des merveilles, et une petite pinte de Newcastle Brown pour accompagner notre pique nique fait bien plaisir, même si on est bien conscients que ce n'est pas très raisonnable en pleine étape cycliste. Mais bon, on est en Ecosse, ils ne servent pas au demi, minimum à la pinte, les prix sont ridicules, et ils ont de sacrées bonnes bières qu'on peinera à retrouver en France. On prend donc le temps de manger et de digérer un peu en comptant les camions de pompiers qui passent pour aller éteindre une maison un peu plus bas. Une fois la bière à peu près descendue, on se remet en route. Il nous reste à peu près les 2/3 du trajet à faire, et on compte les villages sur la route pour estimer notre progression.
La route est heureusement moins fréquentée le dimanche, car on n'avance pas très vite, ayant toujours le vent de face, et la fatigue n'aidant pas - et la bière, oui, on avoue.On croise nos première Highlands, même si elles ne sont pas encore les belles vaches qu'on voit dans les cartes postales. Rien à fiche, on est tous contents et on s'arrête sur le bord de la route pour les photographier.



On finit par arriver en vue du Loch Gilp, qui est une sorte d'excroissance près de l'embouchure du Loch Fyne. Nous sommes soulagés d'y être. Dou a mal à la cuisse, et le temps se couvre.. Il est temps qu'on arrive.



Un dimanche en fin d'après-midi, il fallait s'y attendre, l'office du tourisme est fermé, mais des passants fort aimables nous indiquent sans problème le camping, qu'on atteint à 17h. Ô joie, il y a une laverie et des séchoirs ! C'est magique ! On est radieux (vous ai-je déjà parlé de la révision de notre ordre des priorités ?). Pour 10£ la nuit à deux, on est contents, ça devrait être rentable.





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On plante la tente, qui ne ressemble à rien, une fois de plus (c'est pas de notre faute, il doit y avoir un défaut de conception, franchement, je suis experte en montage de tentes, et Dou se défend bien aussi en la matière) et on fait le tri dans le linge. On n'avait plus de change ou presque, tomber sur un camping avec laverie est une bénédiction. S'en suit une étape passionnante de lavage/séchage, à la Domino, avec le minimum vital sur nous et le reste au lavage. Totalement palpitant je vous l'accorde, mais Poukram, ça fait du bien. Je dois avouer que je suis bien claquée. La vie au grand air combinée au vent, au soleil et aux bonnes étapes de vélo, ça tue. Je suis tannée, et Dou aussi. Certes, nos étapes paraitront misérables sur une carte pour des cyclistes avertis, mais nous ne sommes même pas des cyclistes du dimanche, et les conditions climatiques font largement compter double les distances.




(clic pour plus grand)

Une fois propres, nous nous mettons en quête d'un repas chaud en ville, parce qu'il faut bien avouer que les 7°C ambiants, avec l'humidité, ça ne fait pas bien chaud. Mission quasi impossible un dimanche ! On se retrouve à commander au chinois du coin, seul boui boui ouvert, qui est horriblement cher (il faut tout payer, même le riz en accompagnement, les serviettes en papier et les fourchettes en plastique oO). Du coup, on ramène tout au camping et on mange dans la tente, parce qu'il pleut à nouveau. Quelle dure journée... Et dire que c'est l'anniversaire de Dou. On est tellement fatigués que je ne prends même pas le temps de faire le compte rendu du jour dans mon carnet. On se glisse dans les duvets chauds, et dodo !