• revient sur son blog sur la pointe des pieds, et reprend le récit de son périple comme si de rien était, en sifflotant pour pas qu'on voie son horrible retard, et la petite couche de fénéantise qui avait bloqué la motivation de votre serviteuse...*


Oui bon, où en étions-nous. On vient de finir la première étape de vélo. Dur et humide, mais déjà riche en émotions. Nous attaquons donc le jour deux (oui je sais, pas facile de se remettre dans le bain après 5 semaines sans nouvelles de ma part). Hors donc.

Ce matin, nous avons prévu de décoller d'Arrochar, pour atteindre Inveraray. Le réveil est plutôt tranquille, au chant des mouettes, accompagné, pour ne rien gâcher, d'un timide rayon de soleil qui fait danser les couleurs des montagnes de l'autre côté du Loch. J'ai l'impression d'avoir dormi comme une princesse. On rassemble un peu les affaires qu'on avait étalées un peu partout dans la chambre et on descend petit déjeuner. Mr ans Ms. Thompson ont déjà dressé la table du petit dej et on a le droit à un festin de roi : on commence avec jus de fruit plus lait et céréales, on enchaine avec thé et toasts, avec fruits frais et on termine par un petit déjeuner écossais, comprenant bacon grillé, oeuf, saucisses, tomate, scones de pommes de terre et... le fameux Haggis. Poukram, si on s'était attendus à tester ce célèbre met au petit déjeuner ! C'est... fort en goût, mais pas mauvais, et on se promet de retester plus tard, un peu moins pris au dépourvus ! En tous cas, le petit déjeuner est copieux et cale bien. Comme le dit si bien "papy", avec ça, on va au moins s'économiser le repas de midi ! On vide les poches pour payer notre dû pour la nuit, et on a pile ce qu'il faut en monnaie, à quelques piécettes près. Heureusement, car nos hôtes ne prennent pas la carte bleue. Avec la monnaie restante, je file acheter des sacs poubelles à l'épicerie du coin tandis que Dou commence à bien préparer et étanchéifier toutes nos affaires pour éviter les désagréments de la veille. A mon retour, nos économies s'élèvent vaillamment à 3£ et 67 pence ^^ Notre cash a fondu comme neige au soleil, mais qu'importe, c'est les vacances, et le but est de passer un bon moment, de se sentir bien, pas de compter ses sous.
Papy et Mamy se moquent gentiment de nous lorsqu'ils nous voient charger tout notre barda sur les vélos... Le Yorkshire-rottweiler en aura profité pour mordre innocemment Dou, le temps que je m'occupe d'une partie du chargement... Pour ma part, je n'aurai pas aperçu la bête durant notre court séjour au B&B... A croire qu'il m'a fui, l'animal !

Aux alentours de 10h/10h30, nous repartons. C'est en arrivant tout en bas de la ville, près de la "tête" du Loch qu'on découvre le fameux camping inscrit sur la carte, et qu'on avait cherché en vain la veille... tant pis, au moins, on aura passé une super nuit. On fait un petit arrêt à la station service en sortie de ville, pour tenter un retrait d'argent à la cashmachine, mais celle-ci semble bouder mes trois cartes bancaires. Visiblement, ces petits postes de retraits n'aiment pas les cartes étrangères... L'employée m'informe que la prochaine borne pour retirer de l'argent se situe à Inveraray. Ca tombe bien, c'est notre objectif, mais encore reste-t-il à l'atteindre... On se lance doucement (le petit déjeuner pèse un peu sur nos estomacs), surtout que Niall nous a prévenus : aujourd'hui, on a une bonne grosse côte au menu, sans doute la pire de tout notre itinéraire. On sait qu'elle est autour du point indiqué sur la carte par le doux adage de "Rest and be thankful" (repose toi et sois reconnaissant), mais on ne se souvient plus exactement des explications de notre loueur de vélo : la côte de la mort est-elle juste avant (repose toi parce que t'es bien content d'être arrivé) ou juste après (repose toi parce que tu vas te misérer) ? Advienne que pourra, on verra bien quand on y sera !

La route nous parait un peu plus agréable que la veille : moins de pluie, ça fait toujours plaisir. En revanche, on prend la mesure des fameuses "showers", les douches écossaises : de petits nuages vicieux qui libèrent quelques trombes d'eau bien froide avant de laisser la part belle au soleil. Pas évident de trouver les vêtements idéaux, on passe notre temps à mettre ou enlever pull ou Kway, trop chaud, trop froid ou trop humide d'un instant à l'autre. Finalement, on prend le parti de garder tout le temps les Kways, quitte à avoir un peu trop chaud, au moins on sera plus secs. Ca fait un peu étuve par moments, mais on ajuste la température en enlevant ou remettant les mitaines (oui oui, on est bien en mai, et pourtant, les mitaines se défendent bien). La première montée est une vraie épreuve. Sans prévenir, ce qu'on prend pour du faux plat nous coupe les jambes, et ça dure sur 4 miles ! On monte une bonne partie à pieds, en faisant plein de pauses, et on flippe que ce ne soit pas le plus dur...






Dou commence à me détester. On arrive enfin au prix de deux bonnes heures de montée, au col "Rest and be thankful". Fatigue et soulagement. On ne se fait pas prier et on expérimente l'adage du lieu, en se laissant tomber sur les banc offrant panorama sur la vallée que nous avons longée. Enfin on profite de la magnifique vue. Le paysage est splendide, mais dans l'effort, on avait du mal à s'en rendre compte (et il faut avouer que le moral n'était pas franchement au plus haut... "dans quelle galère tu m'as embarqué" toussa toussa...).




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Il y a pas mal de monde à ce col ("oui, mais eux, ils ont été moins cons, ils sont venus en voiture ou en moto"), et les gens sont supers sympas, souriants, nous saluant ("oui, ils ont pitié de nous après ce qu'on a subi..."). Vous l'aurez compris, ce passage a été une vraie épreuve, mais franchement, le paysage le valait. J'essaye de conserver une bonne humeur à toute épreuve, mais j'avoue que la montée a un peu entamé mon enthousiasme. Un peu de mauvaise grâce, on arrache nos fesses du banc et enfourche à nouveau nos vélos, craignant qu'il reste encore de la montée. Mais là, ô joie, une super descente se déroule devant nous. Enfin !
Oui, mais en Ecosse, ce serait trop simple. Donc, vent de face. Shit, il faut vraiment les mériter les paysages écossais, car le vent, c'est pas de la rigolade : il est si fort qu'il faut pédaler dans la descente, et malgré le soleil, on remet bien vite les mitaines tant il est froid. Pourtant, malgré tous ces désagréments, la descente est la bienvenue, et à mesure que nous avalons le dénivelé, le moral remonte. La nationale que nous suivons depuis ce matin n'est pas très agréable, car très passante, mais on n'a pas le choix, c'est la seule qui puisse nous emmener à Inveraray. Et elle a le mérite de couper court. Nous atteignons finalement le Loch Fyne en un temps record, et on s'accorde une petite pause à sa pointe, non loin d'un antique petit cimetière. Quelques tables de camping, un rayon de soleil... Parfait pour souffler un peu. Vers 13h15, on se remet en route. On espère arriver rapidement à Inveraray : la carte n'indique plus que 8 miles, et la route longe le Loch... Ca ne devrait pas être trop violent. Encore une fois, on déchante rapidement, car la route fait plein de "bosses", et c'est un peu usant d'en voir une nouvelle apparaitre à peine on a franchit la sienne, alors que le Loch à côté est bien horizontal, paisible... Au détour d'un lacet de la route, on aperçoit notre destination...


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Dernier effort ! Le pont situé à l'entrée de la ville est si raide que nos jambes fatiguées nous obligent à le gravir à pied. Finalement, arrivée en ville à 15h ! Victoire !

Nous voilà donc à destination. Maintenant, il s'agit de trouver où dormir. Direction l'office du tourisme pour demander un camping, comme indiqué sur notre bonne vieille carte Michelin. Il n'y en a pas ! Je négocie un bout de terrain, un champ, un jardin, quoi que ce soit (le camping sauvage est légal en Ecosse), et on nous redirige vers l'auberge de jeunesse, qui est censée avoir un bout de terrain et pourra peut-être nous accueillir. On se perd dans un lotissement de petits vieux, et une petite mamie à sa fenêtre, tout sourire, nous indique la route. Du coup, on trouve sans peine mais... ça n'ouvre qu'à 17 heures, évidemment. Murphy, quand tu nous tiens. Quelle poisse. On décide d'aller visiter le château de la ville en attendant. Mais d'abord, repas, car même si le petit déjeuner était consistant, il commence à se faire faim. Nous n'avons en réalité pas grand chose et improvisons des sandwiches avec le pain de mie datant de Glasgow, le faux camembert français et un bloc de cheddar écossais. Ce n'est pas vraiment diététique, mais franchement, ça fait un bien fou !


Le repas fini, on reprend les vélos (aïe, mal aux fesses), et on se rend au fameux château du Duc d'Argyll (grosso modo la région dans laquelle on se trouve). On accroche nos vélos à une table de camping près du parking du château, négocie pour laisser nos sacoches près de l'entrée, en vue de la caissière, et on lâche nos 6£80 chacun pour entrer. C'est pas donné.


Au final, rien de bien notable dans le château, hormis une chouette salle d'armes et une foultitude de photos de famille du Duc... C'est un peu cher payé mais bon, il fallait bien le faire, hein, le château d'Inveraray. Retour vers l'auberge de jeunesse -sous la pluie, évidemment, on vient d'enfourcher nos vélos, on ne pouvait pas y couper- et l'accueil finit par ouvrir. En fait, on n'a pas vraiment le droit de camper dans le jardin de l'auberge mais... "regardez le jardin juste à côté là... oui oui, ce carré de gazon qui prolonge celui de l'auberge. Eh bien là c'est chez moi. Et là, vous pouvez camper. Et en bonus, si vous laissez un petit don à l'auberge, vous pourrez même utiliser les commodités, en passant par la porte de derrière !".
Si c'est pas beau ça ! Pour 5£ de don, on plante la tente dans le jardin de la gardienne, on attache nos vélos une bonne fois pour toutes pour aujourd'hui, et on peut enfin profiter des sanitaires/cuisine/salon chauffés de l'auberge. Royal. C'est fou comme on relativise vite l'ordre de ses priorités hein. On s'installe donc, prend nos aises, va acheter un cadenas plus petit que celui que j'avais acheté en France pour qu'on puisse fermer les deux côtés de la tente (je n'avais pas vraiment prévu le diamètre du cadenas par rapport à la fermeture éclair ^^'), et voilà notre camp monté.


On téléphone aux parents pour leur raconter nos aventures ("oui, on est toujours vivants") puis part faire un petit tour dans le village. "Petit" car on est fatigués, et puis on se tâte à rester un jour de plus ici, car le village est tout meugnon, alors il ne faudrait pas avoir tout vu dès le premier soir, car il y a certes des choses à faire, mais ce n'est pas non plus très très grand. Mais c'est déjà vraiment beau.


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Le village est en bord de Loch, étalant ses petites maisons blanches aux encadrements de fenêtres noirs et ses toits d'ardoise. La vue sur les montagnes que nous avons traversées est magnifique, et il se dégage une ambiance calme et sereine. Tout est vraiment paisible. Les racailles du coin pèchent à la mouche ou font des ricochets, avec leurs joggings et leurs casquettes... C'est un peu déstabilisant. En attendant, il faut avouer que les écossais sont vraiment très aimables. En plaisantant, on s'est dit que vu le temps détestable de leur contrées, ils doivent faire contre mauvaise fortune bon coeur... Il fait si moche qu'ils sont tous adorables ! On exagère un peu, mais c'est vrai que cette journée a été éprouvante. On a même réussi à prendre des coups de soleil, malgré sa faible présence. Saletés de nuages à trous.

On finit par rentrer à l'auberge, et on mange tôt, avant 19h, on n'a pas l'habitude... Soupe à l'oignon lyophilisée et lambeaux de jambon au miel. Ca ne paye pas de mine, mais ça cale, et de n'est pas très cher. Nous sommes bien fatigués et optons pour une soirée pépère douche/lecture/console, avant de rejoindre la tente -sous la pluie évidemment. Nous quittons le salon de l'auberge sous les regards amusés des autres voyageurs qui nous souhaitent bon courage, et nous rejoignons la tente, pour notre première nuit dehors... On n'a pas l'habitude, et il nous faut un moment pour nous organiser dans la tente, et réussir à placer les sacoches de manière optimale. Il ne doit pas être loin de 22h... extinction des feux, pour le programme du lendemain, on improvisera.