::Un petit coin de banquise::

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juillet 2009

dimanche, 5 juillet 2009

Jour 8 - 5 Mai - " We all live in a reddish submarine..."

Lever tôt ce matin, car nous devons prendre le bus pour Oban à 9h10. Le réveil sonne donc à 7h30 et nous émergeons doucement. Il pleut encore et toujours, et il fait toujours froid... On va bien finir par s'y faire ! Petit déjeuner sous le shelter, après deux allers-retours à la tente parce que j'ai oublié ma cuillère pour les céréales. Céréales que je ne mangerai d'ailleurs pas au final, car on préfère finir le frais de la veille, toujours à cause de l'absence de frigo. Le délicieux petit déjeuner se voit donc constitué de sandwiches pain/brie/infâme jambon de dinde gluant. CPBMCPG. Après cette horreur, on n'a vraiment plus le coeur de manger quoi que ce soit d'autre, et on tire le premier à passer à la douche à Pierre-feuille-ciseaux. Dou gagne, mais finalement ça ne change pas grand chose : l'intérêt étant d'avoir la serviette sèche, quand ladite serviette est toujours humide de la veille parce que rien ne sèche dans la tente, eh bien ce n'est qu'une victoire de principe :P.
De retour à la tente après mon tour de douche (sous la flotte), je m'inquiète un peu de l'heure, car j'ai vu que la laundry (buanderie) -qui est censée ouvrir à 8h30- était bel et bien ouverte, ce qui n'augure rien de bon pour notre timing. Dou a déjà empaqueté ses affaires et je m'active pour faire de même tandis que lui prend une photo pour voir l'heure (souvenez vous de notre technique de la mort grâce à l'appareil numérique pour compenser notre absence de montre ^^'). Et là, catastrophe, 8h50 déjà, et la tente n'est pas encore repliée ! Mais comment a-t-on pu tant traîner sans s'en rendre compte ? Il est hors de question que nous rations ce foutu bus, et nous passons en mode "Go go go marines !". Dou charge les vélos tandis que je replie la tente, complètement trempée car il ne cesse de pleuvoir depuis ce matin. On enfourche nos montures de guerre et pédale le plus rapidement possible jusqu'à l'arrêt de bus, car la tache rouge que nous apercevons au loin nous inquiète : c'est la couleur caractéristique des bus de la West Coast Company, ceux qui nous devons prendre, et ne pas rater. Heureusement, ce ne sont que les bus des autres lignes, et nous nous retrouvons finalement à patienter un bon quart d'heure. Juste le temps d'être bien mouillé quoi.
Enfin, c'est le soulagement : le bus arrive, avec le même chauffeur que la veille, qui rigole de nous voir. Il nous ouvre les soutes et on y cale les vélos avant de poser nos fesses au sec. C'est parti pour 1h30 de route, sur la voie qu'on aurait dû emprunter à vélo... Eh bien on est contents de le faire en bus. Il flotte, il y a du vent, ça monte... On aurait vraiment dégusté. Ceci dit, les paysages sont vraiment splendides. Les montagnes sauvages, l'herbe déroulée en tapis, partout les grandes étendues lisses ponctuées de sortes de mamelons rocheux... les villages pittoresques, et absolument partout, des moutons, avec plein d'agneaux. Leur nombre est impressionnant. Mais en passant dans les villages, on se rend compte que tous les hameaux sont vraiment tous petits : un musée par ci, un site archéologique par là... Des attractions et visites très chouettes, mais jamais de quoi occuper une journée. Il faut donc le prévoir dans son itinéraire : en voiture, ce coin, ça va, mais à vélo, c'est une autre soupe, surtout par ce temps.

On arrive à Oban à 10h45 et fait nos adieux au chauffeur un peu rustre mais finalement très sympa. Ca fait tout bizarre, nous voilà à la mer, avec d'énooormes mouettes...






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Comme un rituel, nous filons à l'office du tourisme, où l'employée se fiche un peu de Dou, car "Oui, on a une auberge de jeunesse, elle est justement indiquée sur la carte que vous me tendez, juste ici". You noobzor, oui merci. Huhu. On roule directement à l'auberge pour y poser nos affaires, mais une fois de plus la réception est fermée et n'ouvre qu'à 14h. Heureusement, cette fois, on peut laisser nos affaires dans les casiers cadenassés, et zou, on file en ville pour trouver de quoi manger. et là, c'est la catastrophe. Que c'est cher ! Le moindre Fish N'Chips ou Burger Toupouri fait au minimum 5£, c'est énorme ! On tourne un bon moment en ville pour trouver de fichus sandwiches triangles à deux francs pas bons mais pas chers, mais comme on fait chou blanc, on décide d'aller faire un tour dans la ZAC que nous avions traversée en bus, qui est situé un peu plus loin mais facilement atteignable à vélo. Heureusement, sur la route, on tombe sur une espèce de brasserie/salon de thé qui propose pour le prix d'un plat ailleurs un combo sandwich/café/scone qui nous convient bien. Bizarrement les scones étaient complètement différents de ceux que j'avais faits avant notre départ... Pas très dur me direz vous, vu l'espèce de Lambas que j'avais produit (dense, bon, et Ô combien nourrissant). En ressortant on repasse à l'office du tourisme prendre quelques prospectus et le fameux weather forecast (prévisions météo) pour essayer de planifier au mieux les jours à venir. Ce n'est pas réjouissant. De la pluie, du vent, et des températures oscillant joyeusement entre 2 et 11°C pour les quatre jours à venir. Ca craint. On revient à l'auberge pour régler la nuit et on prépare un vague plan de bataille, qui reste à affiner en fonction de certaines infos à trouver en ville.On repart, cette fois à vélo, en direction de la gare pour acheter nos billets retours pour Glasgow en train. Mieux vaut s'y prendre à l'avance, car pour voyager avec nos machines de guerre sur le réseau ferré écossais, il faut réserver à l'avance (merci les blogs de cyclistes ayant traversé l'Ecosse et qui m'ont permis de le savoir). On attrape au passage les horaires de ferry pour l'île de Mull et on va faire les courses à la ZAC. Aldi est notre ami, on y trouve presque tout à pas trop cher, mais c'est la croix et la bannière pour trouver un foutu réveil. Oui car, détail qui n'en est pas un, l'auberge où nous avons établi notre QG ne fait pas de dortoirs mixtes. Avec un portable pour deux, il va être difficile de nous réveiller tous les deux si on a besoin de partir de bonne heure. D'où la recherche désespérée d'un réveil depuis notre arrivée à Oban. Mais même les poundshops (sortes de multibazars) n'ont pas ça en stock. On se retrouve donc à enchaîner sur le Tesco, puis le LiddL. On finit par trouver notre bonheur pour 2£ chez Argos, une sorte de Trois Suisses écossais. A tout hasard, on demande pour ces maudits water proof trousers, mais c'est à croire que les écossais eux-mêmes sont water proof car ici non plus, on n'en trouve pas.

On dépose les courses à l'auberge (oui, on a fait beaucoup d'allers-retours), et on en profite pour mettre la tente à sécher dans la dry room (ça c'est franchement top moumoute. Ca déchire son macareux même), puis on repart en ville. Notre nouvel objectif : trouver des bonnets et ces maudits pantalons de pluie (bis), car mine de rien, nous sommes sur la côte, et avec les bourrasques de vent et la pluie (toujours elle), "ça caille sa mère". On trouve des pantalons trop grands et horriblement chers, et après plus de six boutiques à chercher des bonnets autre que taille enfant, on se résout à acheter le seul modèle qu'on ait vu : celui de touristes avec le drapeau écossais et tout. La lose. Mais au moins, maintenant, on a chaud aux oreilles, quitte à avoir l'air de guignols. Sur le retour, on en profite pour visiter le musée de la guerre et de la paix d'Oban. On y trouve encore un joyeux bric à brac, mais la visite n'est pas transcendante. Enfin ça a le mérite d'être gratuit, on ne va pas non plus cracher dans la soupe.




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Nous revenons enfin définitivement à l'auberge, non sans apprécier la taille des vagues, à présent que la marée est haute. On téléphone pour rassurer les parents, attaque un apéro tacos/bière (on a décidé de relever le défi des Wychwood Brewery : il faut boire les 5 bières différentes de cette brasserie pour avoir droit à un Tshirt), et passe direct au dessert puisque, de manière prévisible, ça nous coupe l'appétit. On profite de ce moment de calme pour planifier la suite des évènements. Le temps est tellement pourri que le camping sauvage risque d'être vraiment suicidaire. On trod donc la carte dans tous les sens pour profiter au maximum de l'île de Mull avec nos vélos, mais la tâche s'avère ardue. Heureusement, une vieille baroudeuse anglaise qui dort également à l'auberge nous entend parler et nous indique une auberge indépendante pile au milieu de l'île, ce qui nous arrange parfaitement. On décide donc de passer réservation pour nos dernières nuits dans la région entre Oban et Salem (le village au centre de l'île) pour être sûrs de dormir au sec d'ici notre retour à Glasgow. Ca fait un peu mal car les nuits en auberge ne sont pas données, mais on est tellement trempés et gelés toute la journée qu'on veut au moins pouvoir se poser au chaud le soir, si on ne veut pas mourir congelés. Poukram, qu'elles vont nous coûter cher ces vacances ! Mais tant pis, on est là, on en profite, on verra pour les sous plus tard. Le programme des jours à venir est à présent à peu près fixé, on peut finir la soirée tranquillement...

samedi, 4 juillet 2009

Jour 7 - 4 Mai "Jour dé-tente"

Encore un matin sans réveil : lever juste avant 10h.



Et là, c'est la panique à bord, car on se souvient vaguement d'une affichette dans le camping indiquant que les douches ne sont chauffées que de 7h30 à 10h... Poukram ! Enfilage de pantalon express, douche en speed, la tête dans le pâté, pour que Dou ait aussi de l'eau chaude (n'ayant qu'une seule serviette et une seule savonnette, il fallait se relayer)... En fait, il devait seulement s'agir du chauffage des locaux, car Dou a droit à sa douche chaude, bien qu'on ait dépassé l'heure. C'que c'est de mal lire les panneaux, on se fait des coups de stress pour rien. Petit dèj préparé au réchaud sous l'abri de la table de camping... On étrenne les popottes et on finit le jambon, qui risque de ne pas trop bien vivre la conservation hors d'un frigo, même s'il ne faut pas encore trop chaud. Petit déjeuner salé donc, presque comme les écossais. Une fois de plus, on fait le point : que fait-on aujourd'hui ? Puisque nous avons décidé de modifier l'itinéraire au jour le jour, la question est pertinente. Il fait un temps de chien, tout est détrempé et le ciel est tout gris. En plus, on ne sait pas si le chemin conseillé par Niall est vraiment difficile, comme il semblait le dire... Pour se décider, un petit tour à l'office du tourisme devrait nous aider. Renseignements pris, la route qui longe le Loch Awe un peu plus au Nord est effectivement splendide. L'employée ne sait pas nous dire si le parcours est difficile, mais beaucoup de cyclistes l'empruntent. Par contre, ce chemin implique forcément une ou deux nuits de camping sauvage, car il n'y a rien pour se loger, même en camping, avant le bout du Loch. Et par la route, ce n'est pas forcément mieux, car les campings indiqués sur notre carte ne sont en réalité pas "officiels", et il y a de fortes chances que nous devions nous rabattre également sur du camping sauvage. Je n'ai rien contre, j'adore ça, mais il fait tellement humide que la perspective de ne pas pouvoir se sécher pendant deux ou trois jours et de grelotter ne nous enchante pas trop. D'un autre côté, les musées et autres châteaux sur la route sont bel et bien ouverts... C'est tentant, d'autant plus que cette pointe ouest de l'Ecosse est réputée très belle, avec les plus beaux sites celtiques.
Mais les prévisions météo nous donneront le coup de grâce : à échéance quatre jours, le mieux qu'on puisse espérer, c'est de la grosse pluie. Ca craint à mort, car rouler sous la pluie, avec le vent, c'est vraiment pénible.
Même moi , qui suis pourtant à l'origine de cette vadrouille, ça ne m'enchante pas. Après réflexion, on décide d'opter pour un plan B : prendre le bus vers Oban pour s'y installer un QG au sec et rayonner autour à vélo ensuite. Nos discussions nous avaient fait marcher un peu en ville, et nous revenons donc à l'office du tourisme. Oui, les bus transportent les vélos. Et le prochain est à 13h10. Comme c'est le seul de la journée, on a intérêt à ne pas le rater. Et il est... 12h15 ! Arg ! Branle bas de combat ! Retour au camping en quatrième vitesse. On replie le camp en un temps record (il faut croire qu'on prend le pli), et à 12h50, nous sommes à l'arrêt de bus. On a même le temps d'aller s'acheter quelques biscuits, pour remonter le moral.

Mais le mauvais sort s'acharne sur nous. Le bus arrive, et impossible de rentrer les vélos dans les soutes, malgré nos efforts : on est en période de vacances, et ils ont mis des bus plus petits. Le prochain suffisamment grand est prévu pour le lendemain 9h10 ! Poukram. On est vraiment désappointés. Pour ne rien arranger, il pleut à verses. Retour au camping, le moral dans les chaussettes. On remonte la tente sur le sol détrempé (voir photo ci-dessous) et on passe notre frustration sur les cookies et les raisins au chocolat. Il continue de pleuvoir. Ca tombe bien, c'était ce qu'avait prévu la météo. Je rédige ce compte-rendu pour une fois en journée et la console occupe le reste du temps. On va peut-être essayer de sortir un peu, faire quelques courses, voire pousser un peu plus loin dans le village pour aller voir le petit phare et faire quelque chose de notre après-midi. Mais l'humidité ambiante ne nous enchante pas trop, et on profite un peu d'être au sec sous la tente avant de bouger.




Lorsqu'enfin on se motive, on "visite" le supermarché du coin. Comme à chaque fois, nous passons un temps fou dans le rayon charcuterie pour essayer de trouver quelque chose d'autre que du jambon, mais qui donne un peu envie. Ce n'est pas gagné, de ce côté là, les écossais sont vraiment mauvais. De dépit, on fait des tests sur des chips et de la bière qu'on ne connait pas. Apéro de la mort, Yay !



On fait un bref passage à la tente, juste le temps de tuer la batterie de ma console, et on repart en ville, car on a oublié de vérifier les horaires de bus. Nous tenons à être bien sûrs de l'heure, car à deux bus par jour, dont seulement un suffisamment grand pour nos vélos, il ne faut pas le rater demain matin. On n'est vraiment pas motivés pour se coltiner une nouvelle journée coincés ici. Lochgilphead, c'est joli, mais sous les trombes de flotte, cloitrés dans la tente, pas moyen d'y passer un deuxième jour. On rentre au camping, et on se pose tranquillement. On finit par relativiser le mauvais temps, mais finalement, on se fait un apéro-discute plutôt sympa. J'avais peur que cette journée soit *vraiment* très longue, mais au final, ça a quand même été. On a bien fait de bouger un peu. Et puis je me suis rendue compte que "l'obligation" de rester un peu sous tente comme ça nous avait amenés à parler de choses qu'on n'avait pas forcément déjà évoquées ensemble. Rigolo comme le changement d'air nous fait du bien.


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Le repas du soir est un peu bâclé, car l'apéro nous a déjà bien calés, et on se contente de brie sans goût et de turkey ham (jambon de dinde) gluant et pas bon. On met une nouvelle fois en application le dicton que nous avons adopté : CPBMCPG ("C'est Pas Bon Mais C'est Pas Grave" ^^') et on se pose enfin dans nos duvets bien chauds. Heureusement qu'on a investi dans du bon matériel de camping, parce que le sol, à cause de la flotte qui imbibe le sol moussu, est complètement gelé, et si on n'avait pas nos tapis de sol de compétition, on serait congelés. Même avec les duvets ultra denses qui descendent à -5°C/-10°C en température confort. On met le réveil pour le lendemain et après de lecture, on se couche. On s'endort avec les poules, car même les moutons qui paissent derrière le camping mêlent encore. L'objectif de demain est d'arriver à Oban en bus, de s'y installer, avec dans l'idée de visiter la distillerie et de faire un petit saut sur l'île de Mull. On est bien loin du programme vaguement prévu avant le départ, mais le temps n'est vraiment pas de notre côté... Alors on fera au mieux, l'essentiel est qu'on profite du voyage, et qu'on voie plein de choses !

jeudi, 2 juillet 2009

Jour 6 - 3 Mai - "A quite flat road..."

Ce matin, on se réveille peinards sans avoir mis d'alarme... on avait besoin de sommeil. Il est presque neuf heures, et on émerge doucement, sans se faire violence. On petit déjeune à l'auberge de jeunesse. C'est appréciable de manger au chaud et de pouvoir faire griller quelques toasts.
Il a plu toute la nuit mais le soleil semble pointer le bout de son nez. On opte donc pour un petit tour dans Inveraray à pied. Comme prévu, c'est tout petit, et en fait, malgré les précautions qu'on avait prises, on a déjà pas mal fait le tour la veille. On passe par une rue menant vers les champs et on atteint très rapidement la campagne. On cherche du regard les cairns indiqués sur la carte, mais on fait chou blanc. On revient vers le village par la petite route qui longe le loch. C'est très joli, toutes ces petites maisons blanches alignées face à l'eau. On repasse devant la fameuse prison victorienne, vantée dans tous les prospectus, que nous avions repérée la veille. La visite a l'air bien, vraiment, mais c'est 8£ par personne, et ça fait une petite somme. Quasiment le prix d'une nuit en auberge pour l'un d'entre nous... Et comme on a rapidement appris à revoir l'ordre de nos priorités, on décide d'abandonner l'idée de la visite de la prison, tant pis. On pousse jusqu'au petit ponton pour voir le prix du musée maritime, mais encore une fois, 4£ pour visiter un bateau microscopique... Ce village est décidément très (trop) touristique, les prix y sont exorbitants. Nous qui pensions rester sur place pour la journée... On décide finalement de faire un point avec la carte pour voir si on ne peut pas se faire une petite étape à vélo pour changer de ville. Lochgilphead est située à environ 40km, c'est de l'ordre du faisable.
On replie la tente avant que la pluie ne reprenne et on charge les vélos. Mais lorsqu'on va chercher nos quelques provisions au frigo de l'auberge, malheur, celle-ci est fermée pour le nettoyage quotidien, et ne rouvre qu'à 12h30. Bon, une demi heure à tuer, ce n'est pas la mort. Et c'est à ce moment que s'élève un son si caractéristique, comme une plainte lancinante... Il est midi, et voilà que résonnent des cornemuses. C'est tout simplement impressionnant. On décide d'aller les voir jouer en attendant l'ouverture de l'auberge. Enfourchage de vélo, quelques coups de pédale... On peine à les trouver dans le village, en se dirigeant à l'oreille, car le son résonne sur les maisons. En fait, ils sont dans la cour de la caserne des pompiers, juste derrière la haie qui longeait notre tente (voir photo du post précédent). Pas étonnant qu'on les ait si bien entendues dès le début ! On les écoute un moment... Il s'agit en réalité d'un cours, et une dizaine de petits écossais s'entrainent. C'est bluffant de voir un son si puissant créé par ces gamins. La plupart ont entre 9 et 13 ans, et certains sont vraiment gringalets. On découvre comment accorder une cornemuse, comment ils s'entrainent à la marche au pas, et puis les percussions les rejoignent, depuis l'autre côté de la caserne. On ne les as pas entendus s'installer, ni vus d'ailleurs, et leur entrée dans la phrase musicale est saisissante. Ils sont vraiment impressionnants, avec leurs espèces de jonglages, les baguettes qui tournoient en tout... C'est vraiment chouette, j'en ai des frissons. Proud to be scottish !



Une envie pressante nous ramène vers le port et ses toilettes -payantes - puis on revient à l'auberge, qui vient de ré ouvrir. Pas de chance, on a attendu pour rien, le frigo a été vidé durant le ménage (c'est la règle en auberge de jeunesse, mais à ce moment là, on ne le savait pas). Plus rien ne nous retient à Inveraray, on achète donc de quoi manger à la supérette du village et on se met en selle.

On a encore les muscles qui tirent de la veille et mal aux fesses, mais laisser les muscles refroidir ne doit pas être la meilleure idée du monde, alors c'est parti !
Le début se passe tranquillou, on prend les côtes à une allure plus que modérée, parfois même à pied, et on ne se prend qu'une seule averse glaciale. en montée forcément, sinon, ce n'est pas drôle. On est trempés du coup, et on commence à avoir froid, mais on garde le moral. On traverse le village de Furnace, et un panneau indique un pub. Vendu ! Il est 14h/14h30, on s'arrête pour manger. Il commence à faire bon, et on jette notre dévolu sur les tables de camping juste devant le pub. Nos lambeaux de jambon à 2£ font une fois de plus des merveilles, et une petite pinte de Newcastle Brown pour accompagner notre pique nique fait bien plaisir, même si on est bien conscients que ce n'est pas très raisonnable en pleine étape cycliste. Mais bon, on est en Ecosse, ils ne servent pas au demi, minimum à la pinte, les prix sont ridicules, et ils ont de sacrées bonnes bières qu'on peinera à retrouver en France. On prend donc le temps de manger et de digérer un peu en comptant les camions de pompiers qui passent pour aller éteindre une maison un peu plus bas. Une fois la bière à peu près descendue, on se remet en route. Il nous reste à peu près les 2/3 du trajet à faire, et on compte les villages sur la route pour estimer notre progression.
La route est heureusement moins fréquentée le dimanche, car on n'avance pas très vite, ayant toujours le vent de face, et la fatigue n'aidant pas - et la bière, oui, on avoue.On croise nos première Highlands, même si elles ne sont pas encore les belles vaches qu'on voit dans les cartes postales. Rien à fiche, on est tous contents et on s'arrête sur le bord de la route pour les photographier.



On finit par arriver en vue du Loch Gilp, qui est une sorte d'excroissance près de l'embouchure du Loch Fyne. Nous sommes soulagés d'y être. Dou a mal à la cuisse, et le temps se couvre.. Il est temps qu'on arrive.



Un dimanche en fin d'après-midi, il fallait s'y attendre, l'office du tourisme est fermé, mais des passants fort aimables nous indiquent sans problème le camping, qu'on atteint à 17h. Ô joie, il y a une laverie et des séchoirs ! C'est magique ! On est radieux (vous ai-je déjà parlé de la révision de notre ordre des priorités ?). Pour 10£ la nuit à deux, on est contents, ça devrait être rentable.





((/blog/images/photo/ecosse09/IMG_2754.jpg))



On plante la tente, qui ne ressemble à rien, une fois de plus (c'est pas de notre faute, il doit y avoir un défaut de conception, franchement, je suis experte en montage de tentes, et Dou se défend bien aussi en la matière) et on fait le tri dans le linge. On n'avait plus de change ou presque, tomber sur un camping avec laverie est une bénédiction. S'en suit une étape passionnante de lavage/séchage, à la Domino, avec le minimum vital sur nous et le reste au lavage. Totalement palpitant je vous l'accorde, mais Poukram, ça fait du bien. Je dois avouer que je suis bien claquée. La vie au grand air combinée au vent, au soleil et aux bonnes étapes de vélo, ça tue. Je suis tannée, et Dou aussi. Certes, nos étapes paraitront misérables sur une carte pour des cyclistes avertis, mais nous ne sommes même pas des cyclistes du dimanche, et les conditions climatiques font largement compter double les distances.




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Une fois propres, nous nous mettons en quête d'un repas chaud en ville, parce qu'il faut bien avouer que les 7°C ambiants, avec l'humidité, ça ne fait pas bien chaud. Mission quasi impossible un dimanche ! On se retrouve à commander au chinois du coin, seul boui boui ouvert, qui est horriblement cher (il faut tout payer, même le riz en accompagnement, les serviettes en papier et les fourchettes en plastique oO). Du coup, on ramène tout au camping et on mange dans la tente, parce qu'il pleut à nouveau. Quelle dure journée... Et dire que c'est l'anniversaire de Dou. On est tellement fatigués que je ne prends même pas le temps de faire le compte rendu du jour dans mon carnet. On se glisse dans les duvets chauds, et dodo !

mercredi, 1 juillet 2009

Jour 5 - 2 Mai - "Rest and be thankful (in peace)"

  • revient sur son blog sur la pointe des pieds, et reprend le récit de son périple comme si de rien était, en sifflotant pour pas qu'on voie son horrible retard, et la petite couche de fénéantise qui avait bloqué la motivation de votre serviteuse...*


Oui bon, où en étions-nous. On vient de finir la première étape de vélo. Dur et humide, mais déjà riche en émotions. Nous attaquons donc le jour deux (oui je sais, pas facile de se remettre dans le bain après 5 semaines sans nouvelles de ma part). Hors donc.

Ce matin, nous avons prévu de décoller d'Arrochar, pour atteindre Inveraray. Le réveil est plutôt tranquille, au chant des mouettes, accompagné, pour ne rien gâcher, d'un timide rayon de soleil qui fait danser les couleurs des montagnes de l'autre côté du Loch. J'ai l'impression d'avoir dormi comme une princesse. On rassemble un peu les affaires qu'on avait étalées un peu partout dans la chambre et on descend petit déjeuner. Mr ans Ms. Thompson ont déjà dressé la table du petit dej et on a le droit à un festin de roi : on commence avec jus de fruit plus lait et céréales, on enchaine avec thé et toasts, avec fruits frais et on termine par un petit déjeuner écossais, comprenant bacon grillé, oeuf, saucisses, tomate, scones de pommes de terre et... le fameux Haggis. Poukram, si on s'était attendus à tester ce célèbre met au petit déjeuner ! C'est... fort en goût, mais pas mauvais, et on se promet de retester plus tard, un peu moins pris au dépourvus ! En tous cas, le petit déjeuner est copieux et cale bien. Comme le dit si bien "papy", avec ça, on va au moins s'économiser le repas de midi ! On vide les poches pour payer notre dû pour la nuit, et on a pile ce qu'il faut en monnaie, à quelques piécettes près. Heureusement, car nos hôtes ne prennent pas la carte bleue. Avec la monnaie restante, je file acheter des sacs poubelles à l'épicerie du coin tandis que Dou commence à bien préparer et étanchéifier toutes nos affaires pour éviter les désagréments de la veille. A mon retour, nos économies s'élèvent vaillamment à 3£ et 67 pence ^^ Notre cash a fondu comme neige au soleil, mais qu'importe, c'est les vacances, et le but est de passer un bon moment, de se sentir bien, pas de compter ses sous.
Papy et Mamy se moquent gentiment de nous lorsqu'ils nous voient charger tout notre barda sur les vélos... Le Yorkshire-rottweiler en aura profité pour mordre innocemment Dou, le temps que je m'occupe d'une partie du chargement... Pour ma part, je n'aurai pas aperçu la bête durant notre court séjour au B&B... A croire qu'il m'a fui, l'animal !

Aux alentours de 10h/10h30, nous repartons. C'est en arrivant tout en bas de la ville, près de la "tête" du Loch qu'on découvre le fameux camping inscrit sur la carte, et qu'on avait cherché en vain la veille... tant pis, au moins, on aura passé une super nuit. On fait un petit arrêt à la station service en sortie de ville, pour tenter un retrait d'argent à la cashmachine, mais celle-ci semble bouder mes trois cartes bancaires. Visiblement, ces petits postes de retraits n'aiment pas les cartes étrangères... L'employée m'informe que la prochaine borne pour retirer de l'argent se situe à Inveraray. Ca tombe bien, c'est notre objectif, mais encore reste-t-il à l'atteindre... On se lance doucement (le petit déjeuner pèse un peu sur nos estomacs), surtout que Niall nous a prévenus : aujourd'hui, on a une bonne grosse côte au menu, sans doute la pire de tout notre itinéraire. On sait qu'elle est autour du point indiqué sur la carte par le doux adage de "Rest and be thankful" (repose toi et sois reconnaissant), mais on ne se souvient plus exactement des explications de notre loueur de vélo : la côte de la mort est-elle juste avant (repose toi parce que t'es bien content d'être arrivé) ou juste après (repose toi parce que tu vas te misérer) ? Advienne que pourra, on verra bien quand on y sera !

La route nous parait un peu plus agréable que la veille : moins de pluie, ça fait toujours plaisir. En revanche, on prend la mesure des fameuses "showers", les douches écossaises : de petits nuages vicieux qui libèrent quelques trombes d'eau bien froide avant de laisser la part belle au soleil. Pas évident de trouver les vêtements idéaux, on passe notre temps à mettre ou enlever pull ou Kway, trop chaud, trop froid ou trop humide d'un instant à l'autre. Finalement, on prend le parti de garder tout le temps les Kways, quitte à avoir un peu trop chaud, au moins on sera plus secs. Ca fait un peu étuve par moments, mais on ajuste la température en enlevant ou remettant les mitaines (oui oui, on est bien en mai, et pourtant, les mitaines se défendent bien). La première montée est une vraie épreuve. Sans prévenir, ce qu'on prend pour du faux plat nous coupe les jambes, et ça dure sur 4 miles ! On monte une bonne partie à pieds, en faisant plein de pauses, et on flippe que ce ne soit pas le plus dur...






Dou commence à me détester. On arrive enfin au prix de deux bonnes heures de montée, au col "Rest and be thankful". Fatigue et soulagement. On ne se fait pas prier et on expérimente l'adage du lieu, en se laissant tomber sur les banc offrant panorama sur la vallée que nous avons longée. Enfin on profite de la magnifique vue. Le paysage est splendide, mais dans l'effort, on avait du mal à s'en rendre compte (et il faut avouer que le moral n'était pas franchement au plus haut... "dans quelle galère tu m'as embarqué" toussa toussa...).




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Il y a pas mal de monde à ce col ("oui, mais eux, ils ont été moins cons, ils sont venus en voiture ou en moto"), et les gens sont supers sympas, souriants, nous saluant ("oui, ils ont pitié de nous après ce qu'on a subi..."). Vous l'aurez compris, ce passage a été une vraie épreuve, mais franchement, le paysage le valait. J'essaye de conserver une bonne humeur à toute épreuve, mais j'avoue que la montée a un peu entamé mon enthousiasme. Un peu de mauvaise grâce, on arrache nos fesses du banc et enfourche à nouveau nos vélos, craignant qu'il reste encore de la montée. Mais là, ô joie, une super descente se déroule devant nous. Enfin !
Oui, mais en Ecosse, ce serait trop simple. Donc, vent de face. Shit, il faut vraiment les mériter les paysages écossais, car le vent, c'est pas de la rigolade : il est si fort qu'il faut pédaler dans la descente, et malgré le soleil, on remet bien vite les mitaines tant il est froid. Pourtant, malgré tous ces désagréments, la descente est la bienvenue, et à mesure que nous avalons le dénivelé, le moral remonte. La nationale que nous suivons depuis ce matin n'est pas très agréable, car très passante, mais on n'a pas le choix, c'est la seule qui puisse nous emmener à Inveraray. Et elle a le mérite de couper court. Nous atteignons finalement le Loch Fyne en un temps record, et on s'accorde une petite pause à sa pointe, non loin d'un antique petit cimetière. Quelques tables de camping, un rayon de soleil... Parfait pour souffler un peu. Vers 13h15, on se remet en route. On espère arriver rapidement à Inveraray : la carte n'indique plus que 8 miles, et la route longe le Loch... Ca ne devrait pas être trop violent. Encore une fois, on déchante rapidement, car la route fait plein de "bosses", et c'est un peu usant d'en voir une nouvelle apparaitre à peine on a franchit la sienne, alors que le Loch à côté est bien horizontal, paisible... Au détour d'un lacet de la route, on aperçoit notre destination...


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Dernier effort ! Le pont situé à l'entrée de la ville est si raide que nos jambes fatiguées nous obligent à le gravir à pied. Finalement, arrivée en ville à 15h ! Victoire !

Nous voilà donc à destination. Maintenant, il s'agit de trouver où dormir. Direction l'office du tourisme pour demander un camping, comme indiqué sur notre bonne vieille carte Michelin. Il n'y en a pas ! Je négocie un bout de terrain, un champ, un jardin, quoi que ce soit (le camping sauvage est légal en Ecosse), et on nous redirige vers l'auberge de jeunesse, qui est censée avoir un bout de terrain et pourra peut-être nous accueillir. On se perd dans un lotissement de petits vieux, et une petite mamie à sa fenêtre, tout sourire, nous indique la route. Du coup, on trouve sans peine mais... ça n'ouvre qu'à 17 heures, évidemment. Murphy, quand tu nous tiens. Quelle poisse. On décide d'aller visiter le château de la ville en attendant. Mais d'abord, repas, car même si le petit déjeuner était consistant, il commence à se faire faim. Nous n'avons en réalité pas grand chose et improvisons des sandwiches avec le pain de mie datant de Glasgow, le faux camembert français et un bloc de cheddar écossais. Ce n'est pas vraiment diététique, mais franchement, ça fait un bien fou !


Le repas fini, on reprend les vélos (aïe, mal aux fesses), et on se rend au fameux château du Duc d'Argyll (grosso modo la région dans laquelle on se trouve). On accroche nos vélos à une table de camping près du parking du château, négocie pour laisser nos sacoches près de l'entrée, en vue de la caissière, et on lâche nos 6£80 chacun pour entrer. C'est pas donné.


Au final, rien de bien notable dans le château, hormis une chouette salle d'armes et une foultitude de photos de famille du Duc... C'est un peu cher payé mais bon, il fallait bien le faire, hein, le château d'Inveraray. Retour vers l'auberge de jeunesse -sous la pluie, évidemment, on vient d'enfourcher nos vélos, on ne pouvait pas y couper- et l'accueil finit par ouvrir. En fait, on n'a pas vraiment le droit de camper dans le jardin de l'auberge mais... "regardez le jardin juste à côté là... oui oui, ce carré de gazon qui prolonge celui de l'auberge. Eh bien là c'est chez moi. Et là, vous pouvez camper. Et en bonus, si vous laissez un petit don à l'auberge, vous pourrez même utiliser les commodités, en passant par la porte de derrière !".
Si c'est pas beau ça ! Pour 5£ de don, on plante la tente dans le jardin de la gardienne, on attache nos vélos une bonne fois pour toutes pour aujourd'hui, et on peut enfin profiter des sanitaires/cuisine/salon chauffés de l'auberge. Royal. C'est fou comme on relativise vite l'ordre de ses priorités hein. On s'installe donc, prend nos aises, va acheter un cadenas plus petit que celui que j'avais acheté en France pour qu'on puisse fermer les deux côtés de la tente (je n'avais pas vraiment prévu le diamètre du cadenas par rapport à la fermeture éclair ^^'), et voilà notre camp monté.


On téléphone aux parents pour leur raconter nos aventures ("oui, on est toujours vivants") puis part faire un petit tour dans le village. "Petit" car on est fatigués, et puis on se tâte à rester un jour de plus ici, car le village est tout meugnon, alors il ne faudrait pas avoir tout vu dès le premier soir, car il y a certes des choses à faire, mais ce n'est pas non plus très très grand. Mais c'est déjà vraiment beau.


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Le village est en bord de Loch, étalant ses petites maisons blanches aux encadrements de fenêtres noirs et ses toits d'ardoise. La vue sur les montagnes que nous avons traversées est magnifique, et il se dégage une ambiance calme et sereine. Tout est vraiment paisible. Les racailles du coin pèchent à la mouche ou font des ricochets, avec leurs joggings et leurs casquettes... C'est un peu déstabilisant. En attendant, il faut avouer que les écossais sont vraiment très aimables. En plaisantant, on s'est dit que vu le temps détestable de leur contrées, ils doivent faire contre mauvaise fortune bon coeur... Il fait si moche qu'ils sont tous adorables ! On exagère un peu, mais c'est vrai que cette journée a été éprouvante. On a même réussi à prendre des coups de soleil, malgré sa faible présence. Saletés de nuages à trous.

On finit par rentrer à l'auberge, et on mange tôt, avant 19h, on n'a pas l'habitude... Soupe à l'oignon lyophilisée et lambeaux de jambon au miel. Ca ne paye pas de mine, mais ça cale, et de n'est pas très cher. Nous sommes bien fatigués et optons pour une soirée pépère douche/lecture/console, avant de rejoindre la tente -sous la pluie évidemment. Nous quittons le salon de l'auberge sous les regards amusés des autres voyageurs qui nous souhaitent bon courage, et nous rejoignons la tente, pour notre première nuit dehors... On n'a pas l'habitude, et il nous faut un moment pour nous organiser dans la tente, et réussir à placer les sacoches de manière optimale. Il ne doit pas être loin de 22h... extinction des feux, pour le programme du lendemain, on improvisera.