::Un petit coin de banquise::

Quel titre énigmatique n'est-ce pas ? Voyez-vous, d'aucuns auraient pu dire il y a peu que notre appartement était hanté. Fort heureusement pour les visiteurs non avertis, cela semble s'être calmé. Peut-être vous souvenez-vous du pingouin qui habitait dans notre frigo et qui parlait allemand lorsque tu ouvrais la porte pour te dire de la refermer tout de suite pour faire des économies d'énergies et par là même sauver les ours pôlaires (oui, je sais, le raccourci est quelque peu cavalier) ?
Eh bien nous avions à peu près le même principe avec un mug. Un magnifique mug Star Wars offert sans aucuuuune arrière pensée par mon cher pôpa. Le principe est simple. Un capteur de lumière, deux phrases préenregistrées et le générique de Star Wars. Tu soulèves la tasse, ça déclenche aléatoirement l'une des trois tirades. Et je préfère vous dire que le générique de Star Wars chanté par un mug, c'est assez violent. L'histoire pourrait s'arrêter à un objet amusant, destiné sans nul doute à piéger les amis innocents qui demandent à boire un thé ou un café chez toi (au risque de voir ladite boisson étalée partout sous le coup de la surprise). Seulement voilà. Ce serait trop simple.

Or donc, il semblerait que ce mug soit possédé. Car même en laissant la tasse sur une étagère, Yoda se décidait à parler tout seul de temps à autre. Et je dois avouer qu'entendre une voix s'élever de la cuisine en disant "OOOOOOOOOhhhhhh, Jedi Master, Yoda, you seek Yoda !" ça fait bizarre. Aux grands maux les grands remèdes, vu que le mug s'exprimait même en pleine nuit (vlà la gueule du capteur de lumière), nous avions décidé de le bâillonner en masquant le capteur à grand renfort de scotch épais et en envoyant Yoda faire un séjour au fin fond du placard. Bien qu'il s'égosille encore de temps à autre, le bruit était au moins un peu étouffé.

Et puis nous avons déménagé à Nancy. Miraculeusement, le voyage ayant dû fatiguer les vieux os du maître Jedi, il a été réduit à plusieurs mois de silence, trônant sans le moindre mot sur l'étagère qui nous sert de débarras dans les WC.
Mais il y a quelques jours, ayant repris du poil de la bête, Yoda avait décidé de contrattaquer. Etait-ce parce qu'en faisant un peu de rangement j'avais un peu bougé le mug ? C'était reparti pour le générique à grands coups de cuivres nasillards et d'exhortations de Yoda à rallier le bon côté de la force (le sien oui, l'est pas chauvin celui là). Et ce, dès que quelqu'un avait le malheur d'allumer la lumière des toilettes. Forcément pour ceux qui n'étaient pas prévenus, ça faisait bizarre de s'entendre recruter en anglais par une voix chevrotante alors même que l'on va se soulager. Et puis je dois avouer que lorsque Dou se lève à 5 heure du matin, entendre le génétique Star Wars résonner dans tout l'appartement, ça me donne un peu des envies de meurtres. Je rêve alors de Yoda ficelé, avec du persil dans les oreilles, rôti sur le feu des ewoks, tout prêts à l'offrir en sacrifice au grand Dark Vador.

Mais depuis deux jours, inexplicablement (et donc très mystérieusement), Yoda s'est tu.
Point d'apostrophe lorsque tu vas au petit coin. Point de musique qui te surprend. Plus besoin d'aller aux toilettes à la lumière du portable parce qu'il est passé minuit et que tu ne veux pas réveiller Dou qui se lève dans 4 heures à grands coups d'accords de John Williams. Non. Le maître Jedi semble s'être éteint. Et je dois avouer que malgré tout ce que j'ai râlé auparavant, ça fait un vide. Mais bon, c'est peut-être cyclique, il reprend des forces pour tatanner Dark Vador d'avoir voulu le bouffer en méchoui chui sûre.